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 La découverte du vaccin

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Obscuro Momentum
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MessageSujet: La découverte du vaccin   La découverte du vaccin Icon_minitimeMar 18 Déc - 12:35


    Maximilian Saint-Clare était heureux. On ne le voyait pas à son pas pressé et au vol de sa cape, qui claquait violemment dans le vent, mais il était heureux. Son laboratoire de recherche l’avait enfin appelé, et ce pour lui annoncer une bonne nouvelle. Ce qui changeait considérablement des autres nouvelles qu’il avait eu ces derniers temps… Alors qu’il devait auparavant se contenter de rapports décevants sur la course qu’il avait engagée afin de trouver un vaccin, il avait aujourd’hui même reçue la meilleure nouvelle qu’il pouvait y avoir : le vaccin avait apparemment été trouvé. Un sourire en coin tira ses lèvres, le temps d’une seconde, pas plus. Il ne fallait pas crier victoire trop vite et, surtout, il fallait préserver l’illusion qu’il avait absolument tout sous contrôle depuis le début. Mais, et il fallait bien se l’avouer, ce n’avait pas été le cas à l’apparition de la maladie. Après tout, personne ne savait d’où cette saleté sortait, ni comment la soigner. Ç’avait été la première bataille de Maximilian, afin de tester s’il avait bien sa place au poste de Ministre de la Magie.

    Et dans la journée, après avoir vérifié l’efficacité du vaccin, il pourrait enfin prouver à la population magique d’Angleterre qu’il pouvait réussir, à ce poste si important. Il allait pouvoir asseoir un peu plus son pouvoir, sans que les sorciers ne s’en rendent vraiment compte. Ou sans qu’ils se manifestent, en tout cas. De toute façon, Maximilian savait parfaitement que des centaines de sorciers au sang pur le soutenaient, invisiblement pour le moment. Mais quand le temps serait venu…

    Le Ministre poussa la porte du laboratoire, faisant sursauter ceux qui n’étaient pas au courant de sa visite. Il ne prit pas le temps de saluer qui que ce soit, se dirigeant rapidement vers le bureau du Professeur Edwin Crocstein. Ce savant, que Maximilian connaissait depuis des années, lui avait rendu bien des services. Si un jour il venait à ouvrir sa bouche de scientifique, le Ministre se trouverait dans l’obligation de l’en empêcher… Et ce serait bien dommage. Car, bien qu’il ne s’agisse que d’un sang-mêlé, Crocstein était un ami de Saint-Clare et ce dernier appréciait les conversations qu’ils pouvaient avoir. Certes, le savant n’avait peut-être pas l’air très stable mentalement, avec ses grosses lunettes rondes à double foyer, ses yeux à l’air perpétuellement étonné, ses cheveux gris jamais ou rarement disciplinés et son visage rond d’enfant qui aurait pris trop de rides, mais sa connaissance des objets et des personnes était sans limite. On aurait dit qu’il avait avalé le contenu entier d’une bibliothèque réservé aux sciences en tout genre et à la psychologie humaine. Les sujets de conversation n’étaient jamais éteints, lorsqu’il était dans les parages, et sa grosse voix extrêmement grave s’entendait jusqu’au hall d’entrée. Le calme n’était donc pas de rigueur dans ce laboratoire mais les résultats étaient au rendez-vous et c’était tout ce qui comptait pour le moment.

    Maximilian ! Enfin te voilà. Vient voir, regarde ! C’est fabuleux n’est-ce pas ?

    Le Ministre sourit en entendant l’accent d’Edwin. Totalement incompréhensible, comme d’habitude. Le scientifique n’avait jamais fait l’effort d’améliorer son accent écossais et, pour ceux qui ne le connaissaient pas, la surprise était présente à chaque fois. Les mots étaient dits clairement, voix forte oblige. Mais ils étaient tellement mâchés, grommelés ou entremêlés que le tout formait une espèce de charabia indistinct qu’on ne comprenait qu’une fois habitué à la façon de parler de Crocstein. Les deux hommes se dirigèrent alors vers le fond du laboratoire où une grande porte en métal les séparait de ce que Maximilian savait être la pièce réservée aux malades. Quand Edwin ouvrit la porte, une forte odeur de médicaments se répandit dans le reste des locaux et donna la nausée à Saint-Clare. Ce dernier ne le montra pas, cependant, car cela voudrait dire dévoiler une de ses faiblesses et cela était tout à fait impossible.

    Dans la salle, une demi-dizaine de lit remplissait l’espace, laissant pourtant la place aux infirmières de se déplacer à leur aise. Des tables de chevet, agrémentées de lampes blanches, se situaient à droit de chaque lit. Et dans ces lits, cinq personnes, toutes atteintes de ce mystérieux mal dont personne ne connaissait l’origine. Parmi les cinq, un bébé et deux vieillards. Les plus gravement touchés, comme c’était prévisible. Mais une perfusion pendait jusqu’à leurs bras, emplies d’un rouge pâle, leurs rendait un peu plus de vivacité à chaque minute. Les deux autres malades, toutes deux appartenant à un service du Ministère, étaient déjà sur pieds et grignotaient les toasts qu’on leur avait autorisé à manger. Et dire que deux jours plus tôt, ils étaient encore grelottant et suant dans leurs lits respectifs… Les effets du vaccin ne se faisaient pas attendre.

    Le Ministre ne prit pas le temps de s’enquérir de l’état de santé personnel des malades et rebroussa chemin, faisant virevolter sa longue cape derrière lui. Edwin Crocstein, habitué à ses départs précipités, ne releva même pas et alla vérifier les perfusions des deux vieillards encore alités. Ils avaient bien plus de mal à se remettre que les deux jeunes et le bébé mais cela ne faussait pas les résultats du vaccin, n’est-ce pas ?

    -------------- Quelques heures plus tard

    Chers citoyens du monde magique, j’ai l’extrême fierté de vous annoncer que, grâce à notre collaboration avec plusieurs laboratoires, le scientifique Edwin Crocstein, son équipe et moi-même avons réussi à isoler la souche de ce virus qui se propage à une vitesse affolante dans la population magique afin de créer un vaccin et un antidote. Vous pouvez dorénavant vous procurez les ampoules de sérum chez tous les bons vendeurs d’antidotes d’Angleterre. Merci de votre soutient et de votre écoute.

    Maximilian quitta l’estrade, ignorant superbement les questions des journalistes. Son faux sourire disparut rapidement en repensant à la conversation qu’il avait entretenue avec Eleanor Branstone, directrice de Poudlard. Il semblait que leurs points de vue sur la révélation de la découverte du vaccin divergeaient. Elle aurait voulu garder cela secret, ayant ainsi un excellent prétexte pour garder les élèves cloîtré entre les murs de pierre. Mais si le Ministre ne l’avait pas annoncé à la population, son score aurait certainement baissé. Là, il venait de redonner confiance au peuple anglais et cela le mettait bien en avance dans n’importe quel sondage. Il avait été à la hauteur de la situation. Pour le moment. Et, sincèrement, il espérait que cela continuerait car ses plans se mettaient en place, bien que certaines rumeurs commençaient à courir au sujet des corps d’élites qu’il formait au sein du Ministère. Pour le moment, les rumeurs étaient sans fondation et personne n’amenait de preuves pour étayer ces hypothèses ridicules, racontées par des anciens de l’Ordre devenus séniles à force de ressasser les souvenirs de guerre. Du moins, c’était ce que le Ministre utilisait comme excuse pour faire croire à un simple tapage passager.

    Un sourire mauvais tira ses lèvres, faisant disparaitre la ride soucieuse qui s’était profilée entre ses yeux quelques secondes auparavant. Des rumeurs, bien entendu. D’un geste, Maximilian congédia tous ceux qui le suivaient et vérifia qu’il était seul avant de pousser les majestueuses portes massives qui menaient au mythique Département des Mystères, utilisé pour l’occasion comme salle de réunions. Il fallait une salle à la hauteur de ses ambitions et celle-là lui était parue comme une évidence. Dans la salle, autour d’une longue table de bois noire, des dizaines d’hommes, assis, immobiles. Le visage dissimulé sous des masques effrayants, simple vestige du passé, annonciateurs d’un nouveau règne. Deux simples fentes pour les yeux, visages de métal inanimés, couverts de volutes argentées. Des masques rappelant le visage d’un mort à la bouche cousue.

    La porte se referma violemment derrière Maximilian Saint-Clare.
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